Bien souvent, tandis que je longeais en bicyclette la rue de Gouvieux, j'ai vu se détacher, à l'entrée d'une jolie maison de campagne, ces mots peints sur une planchette taillée en forme de banderole : "Racing Stables Institute".
Et c'est seulement il y a une dizaine de jours que je me décidais à m'y aventurer. Aimablement accueilli par le directeur, M. Eliot Walton, je pus parcourir, guidé par lui, tout l'établissement.
Le Cercle des Gens d’Écuries de Courses est une oeuvre essentiellement humanitaire et moralisatrice qui a été fondée à Chantilly, il y a dix-huit mois environ, sur le modèle d'une institution analogue qui fonctionne à Newmarket.
Elle a pour but d'offrir un lieu de réunion agréable et des distractions variées au personnel de tout âge des écuries de courses. Ce personnel se monte, pour Chantilly seul, à près de 500 personnes.
Le cercle comprend des salles de lecture et d'écriture, une bibliothèque de près de 300 volumes, deux salles de billard, un réfectoire, une salle de récréation, deux cours spacieuses où se trouvent des agrès de gymnastique, etc.
Les jeunes gens qui fréquentent le Cercle, au nombre de 300, sont groupés en équipes de football, de vélocipédistes et de gymnastes dont les exercices sont récompensés par des prix importants.
Enfin, il existe au Cercle un dortoir pour les jeunes gens momentanément sans emploi ; ils y trouvent le couvert et le coucher pour deux francs par jour.
Un service d'ambulance y est aussi organisé, avec voiture et brancards pour les malades et les blessés ; lequel est complété par des cours spéciaux sur les premiers soins à donner aux blessés.
Il y a des cours de musique et de chants, des concerts, des conférences, un service divin chaque dimanche, et jusqu'à une caisse d'épargne spéciale aux sociétaires. La cotisation annuelle est fixée à un franc pour les enfants et les adultes en dessous de vingt ans, et à deux francs pour ceux qui ont dépassé cet âge.
Ajoutons que des personnes généreuses offrent un concours non point digne d'éloge : la plupart des cours sont donnés gracieusement par des personnalités anglaises, et même françaises, avec un touchant dévouement. Madame la baronne de Rothschild, de Gouvieux, et madame Schultz, la bienfaitrice châtelaine de Montataire, s'investissent personnellement pour faire prospérer l'oeuvre et offrir des prix et des récompenses.
Le Cercle est placé sous le haut patronage du Prince de Galles et la présidence honoraire de sir Edmund Munson, ambassadeur d'Angleterre, et du prince d'Aremberg, député et président de la Société d'Encouragement. M. Austin Lee, conseiller d'ambassade, est le président effectif du conseil d'administration et s'occupe personnellement de l'oeuvre.
Il faut reconnaître le bien là où il se trouve et louer le dévouement désintéressé : M. Eliot Walton s'emploie à sauver ses jeunes compatriotes des entraînements de leur milieu et des dangers de l'alcoolisme. C'est un exemplaire salutaire que d'autres auraient honneur à imiter.
D'après G. Villavrède - Le Journal de Senlis - Courrier de l'Oise, n° 92, du 18 novembre 1900.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire