Le Parc Aumont.


M. Paul Aumont vient de mourir, le 2 avril 1904, à l'âge de 65 ans. Cet entraîneur, une des figures les plus connues et les plus sympathiques du monde du turf, a contribué pour une large part au progrès de l'élevage français, dans la seconde moitié du siècle dernier, en continuant l'oeuvre de son père, M. Alexandre Aumont, au Haras de Victot (Calvados).
Son écurie a obtenu de grands succès, en 1887 notamment, avec "Monarque" et "Ténébreuse" qui ont gagné le Prix du Jockey Club et le Grand Prix de Paris.
Ses obsèques ont été célébrées à Paris en l'église Saint-Augustin et le corps a été inhumé à Chantilly où le défunt possédait plusieurs propriétés.

En décembre 1904, ses enfants, Mme  Marie Aumont, épouse de M. André, et M. Alexandre Aumont, mettent en vente plusieurs d'entre elles :
Le grand établissement d'écuries de courses donnant sur l'avenue de la Gare et  sur la pelouse qui était occupé par l'écurie de courses de M. Aumont. (Emplacement de l'Hôtel du Grand Condé) ;


La grande propriété sur l'avenue de la Gare portant les numéros 24 et 24 bis. Cette propriété d'une contenance de 5.500 mètres est dotée d'un grand jardin d'agrément avec des pelouses et des bosquets, d'un jardin potager avec serre. (Emplacement de l'Hôtel du Parc) ;





Un autre établissement d'écuries de courses donnant sur l'avenue de la Gare et sur la rue de l'Embarcadère. Cet immeuble est loué et occupé par l'écurie de  M. le baron de Schickler.
Et enfin, un grand parc boisé, dit le Bois de l'Hermitte, situé entre la rue de l'Embarcadère, la rue de Gouvieux et la route d'accès à la station du Chemin de Fer, la rue d'Orgemont. Ce terrain d'environ 43.000 mètres est clos de murs avec une porte charretière sur la rue de l'Embarcadère et deux portes cochères sur la rue de Gouvieux.

A gauche, derrière la maison on aperçoit le  castel de Mme André.
 Le pavillon au centre, derrière le personnage, appartient à M. Aumont.
Pour en faciliter le lotissement et la vente parcellaire aux particuliers, Mme André et M. Aumont proposent à la municipalité d'établir à leurs frais deux voies nouvelles avec toute la viabilité utile à la mise en service de ces routes qu'ils proposent de céder gratuitement à la ville de Chantilly à condition  que celle-ci prenne l'entretien des dites routes à sa charge.
Le conseil municipal est conscient que la réalisation d'un lotissement aux portes de la gare sera une source de revenus importants et que de nouveaux habitants s'ajoutant à ceux déjà existants ne pourra que favoriser le commerce ; c'est ainsi qu'en 1906 apparaissent les premiers habitants du Parc Aumont. 
Quant aux noms attribués à ces nouvelles voies, celle sur laquelle Mme André a fait bâtir son castel s'appellera rue André ; celle sur laquelle M. Aumont a fait édifier son pavillon portera le nom d'avenue Aumont.

La Place de la Machine Hydraulique.



Ce terrain de forme triangulaire est connu sous le nom de "Place de la Machine Hydraulique". Il appartient à l'Institut de France qui a autorisé la Ville de Chantilly à y construire un échafaudage en bois simulant un bâtiment à plusieurs étages destiné aux exercices des sapeurs-pompiers.
La partie formant le  rez-de-chaussée de cet édifice a été fermée de façon à pouvoir y remiser la pompe à incendie et ses accessoires.
Pour l'alimentation de leurs pompes, les pompiers peuvent puiser l'eau dans le Canal des Usines.
Cet échafaudage  a été construit en 1900 par M. Robin, charpentier, pour la somme de 569,68 francs.


En juillet 1919, l'autorisation accordée par l'Institut de France est reconduite pour une période de 9 années, pour la redevance annuelle de 1 franc que la Ville de Chantilly s'engage à payer par avance au 1er juillet de chaque année.


La Villa Saint-Didier.


Nous voici devant la Villa Saint-Didier. 
Proche de la gare et de la forêt, cette habitation, haute de deux étages, bénéficie de tout le confort moderne, avec de nombreuses pièces de service et des chambres de domestiques.
Au rez-de-chaussée, trois vestibules desservent la salle à manger, le petit salon, le grand salon et la salle de musique. Au-dessus, dans les étages, une dizaine de chambres de maîtres, des cabinets de toilettes, une salle de bain, et une bibliothèque, laquelle comprend de nombreux ouvrages français et anglais.
Dans le jardin, d'une contenance de 3.473 mètres, nous trouvons des volières, un chenil et un poulailler.  Les communs, bien installés, sont complets.

Cette propriété appartenait à M. le Baron  de Saint-Didier, vice-président de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, décédé en avril 1887, à l'âge de 81 ans. 
Source Gallica.bnf.fr/BnF
Quant à Mme la Baronne de Saint-Didier, elle connut une fin tragique, faisant partie des malheureuses victimes de l'incendie du Bazar de la Charité, à Paris.
Née Luiza Francesca Pedra, la baronne était la présidente de l'Oeuvre des Saints-Anges, oeuvre qui recueille des jeunes filles pauvres, orphelines ou délaissées.
En ce 4 mai 1897, la baronne se sent souffrante mais elle tient à assister à cette vente de charité. Elle sait que sa présence rendra la vente plus fructueuse pour ses orphelines.
Malheureusement, la pauvre femme, âgée de presque 81 ans, se tient debout très difficilement et elle a besoin de cannes pour se déplacer. Quand l'incendie éclatera, elle n'arrivera pas à atteindre la sortie, et périra dans les flammes, à quelques mètres seulement des sauveteurs.


"La Vie à la Campagne" du 15 décembre 1908 - "Le Journal de Senlis, Courrier de l'Oise" du 9 mai 1897 - "Livre d'Or des Martyrs de la Charité, hommage aux victimes de la catastrophe", de Félix Charmetant - Catalogue de la vente du mobilier dépendant de la succession de Mme la Baronne Saint-Didier.

Le Marché.


Le marché se tient le mercredi et le samedi de chaque semaine. Il permet de s'approvisionner en viande, beurre, fruits et légumes ; on y trouve aussi de la mercerie et de la cordonnerie.
Il se tient sur la place... du marché, qui est la place située près de l'église.


Cependant, M. Toussaint Bougon, maire de Chantilly, est conscient que les travaux du chemin de fer et de la station ont amené à l'ouest de la ville de nouveaux commerces et une nouvelle agglomération d'habitants.

Il propose donc de rapprocher un des marchés de cette nouvelle zone d'activités et de l'établir sur une place qui n'offrira aucun embarras pour la circulation.


A compter du 4 février 1857, le marché du mercredi se tiendra donc sur la place de l'Hôpital, tandis que celui du samedi, qui est le principal, restera sur la place du marché.

Mais en 1904, une pétition des commerçants approvisionnant le marché explique qu'il reste trop  peu de clients qui fréquentent le marché du samedi près de l'église. Ils demandent que ce marché soit transféré sur la place de l'Hospice comme celui du mercredi.
Cette réclamation n'est pas la première. Et comme à chaque fois, l'assemblée communale se prononce sur le maintient du marché à l'église, décidant que le dit marché s'était toujours tenu là et qu'il ne pourrait jamais avoir lieu sur la place de l'Hôpital pour quelque motif que ce soit.

Jusqu'au 7 avril 1917 où une nouvelle pétition, signée d'une trentaine de marchands, demande encore une fois au Conseil Municipal de vouloir bien  transférer le marché du samedi sur la place de l'Hôpital ; cet emplacement conviendrait mieux aux habitants et serait plus profitable aux vendeurs.

M. Vallon, maire, fait alors remarquer au conseil qu'il a souvent reçu des demandes analogues à celle présentée ce jour. Et même si le Conseil a toujours refusé le changement, M. Vallon fait remarquer qu'il faut avant tout tenir compte de ce qui est favorable à l'approvisionnement et à l'alimentation de la population. 
Le conseil s'indigne : trois conseillers quittent la séance ; un quatrième réclame l'ajournement de la question.
M. le maire  fait voter : Faut-il ajourner cette demande ? Par neuf voix contre une, le conseil estime qu'une décision doit être prise, et une nouvelle mise aux voix va régler la question. Par huit voix contre une, le changement d'emplacement du marché est adopté : désormais le marché du samedi, comme celui du mercredi, se tiendra sur la place de l'Hôpital.







L'Horloge de l'Hôtel de Ville.


Quel Cantilien n'a jamais levé la tête en direction de l'horloge de l'Hôtel de Ville ?
Revenons sur l'histoire de cet objet que tous les cantiliens connaissent.

M. Adolphe Laville, né à Chantilly le 14 octobre 1808, vit dans une maison de la place du Marché, au n° 20, avec sa sœur, Melle Virginie Laville.
Cet ancien horloger, ancien conseiller municipal, a l'intention de doter l'Hôtel de Ville d'une horloge. Mais le 2 janvier 1887, M. Laville meurt sans avoir le temps de réaliser son projet
Or, Melle Laville entend bien réaliser les dernières volontés de son frère. Cependant, prise de maladie, elle meurt à son tour le 5 juin 1887, ayant juste eu le temps de faire insérer une recommandation à son testament.


Melle Laville, en effet,  a affecté une somme de trois mille francs à la Ville de Chantilly pour qu'une pendule soit placée sur la façade de l'Hôtel de Ville. La seule condition imposée est que l'entretien de cette horloge devra être effectué par M. Paquier, horloger, qui est le successeur de son frère.

Le Conseil municipal accepte le legs et s'engage à payer annuellement à M. Paquier la  somme nécessaire à cet entretien. Celui-ci s'est d'ailleurs déjà mis en relation avec M. Garnier, fabricant d'horloges à Paris, et M. Tantost, entrepreneur de maçonnerie à Chantilly, pour le charger de préparer l'emplacement nécessaire.

Le Conseil municipal, reconnaissant envers les donateurs, décide qu'il sera gravé les mots suivants sous l'horloge : "Don de M. Adolphe Laville - ancien conseiller municipal - 1887".


AMC : 1D6 - Registre des délibérations municipales 1886-1898
ADO : 3E141/49 - Chantilly, naissances, mariages, décès, 1887, janvier-juillet.

Le marchand de couleurs et le Café du Théâtre

  Arrêtons nous un instant devant la boutique du marchand de couleurs qui se trouve au numéro 69 de la rue du Connétable.   M. Léonce Lecler...