Arrêté municipal du 4 décembre 1897 sur le pesage du pain.



M. Léon Béry, dont nous voyons la voiture de livraison est boulanger au numéro 66 de la Grande Rue, et tous les soirs, il livre du pain chaud à domicile.                                                                                                                                                                                                                                               
Comme les autres boulangers de Chantilly (M. Emile Taupin, au 24, de la Grande Rue ; M. Alexandre Laplace, au 6, rue de Paris et M. Ernest Feutry, au 24, rue de Creil), M. Béry est soumis à l'arrêté municipal du 4 décembre 1897 sur le pesage du pain.

Les boulangers sont tenus  de peser le pain qu'ils vendent dans leur boutique. Pour le pain porté à domicile, l'acheteur, ne payant que la quantité réellement livrée,  peut demander à tout moment à en vérifier l'exactitude. Pour cela, le livreur doit être muni d'une balance et des poids nécessaires.

Alors que le pain de fantaisie peut être vendu à la pièce et non au poids, le pain de ménage, appelé aussi "fendu" ou "boulot" (de 1kg, 1,5 kg, 2kg ou 3kg)  ne peut être vendu qu'au poids.

Le boulanger est tenu d'apposer dans sa boutique,  de manière apparente, un tableau  récapitulant le prix des différentes espèces de pains vendus.  Le livreur à domicile doit  lui aussi être porteur de ce tableau dont un exemplaire aura été remis au secrétariat de la mairie.

Rappelons que tout pain doit être de bonne qualité et avoir un degré de cuisson convenable et que les contraventions à cet arrêté seront constatées par des procès-verbaux.





A.M.C. : Arrêté municipal du 4 décembre 1897 sur le pesage du pain  -  A.D. : Recensement  Chantilly 1896 : 6 Mp 163 2 Mi A68 141 R 2

Inauguration de la statue du duc d 'Aumale, le 15 octobre 1899.



Par un délicat sentiment qui l'honore, la ville de Chantilly a tenu à être la première à rendre un hommage immortel  au duc d'Aumale, à ce Prince qui s'est toujours intéressé à la vie de Chantilly,  témoignant sans cesse de sa bienveillance auprès de ses habitants et surtout de ses pauvres. 

C'est pourquoi , dans la première réunion tenue après la mort du prince, le conseil municipal décide d'ouvrir une souscription publique en vue d'ériger dans la commune un monument en l'honneur du duc d'Aumale. En peu de temps les sommes recueillies s'élèvent à soixante dix mille francs et on commande  auprès de M. Gérôme, sculpteur, la statue qui sera érigée devant les grandes écuries. 

C'est aujourd'hui, dimanche 15 octobre 1899, que doit avoir lieu l'inauguration de la statue du duc d'Aumale. Dès le matin, la ville s'emplit d'un bourdonnement de foule empressée et joyeuse.  On parcourt la ville, les uns pour visiter, les autres pour voir d'avance l'emplacement de la fête. Spontanément, les habitants de la Grande Rue, tout récemment rebaptisée rue du Connétable, où doit passer le cortège, ont pavoisé leurs demeures.  

M. Vallon, maire, a convié à sa table M. Gérôme, l'éminent sculpteur de la statue, et quelques notabilités. Les membres du Parlement, les hauts fonctionnaires, les Académiciens, et les journalistes sont réunis dans la grande salle des Fêtes de la mairie, décorée avec une simplicité de bon goût. D'élégants sujets d'ornementation accompagnent des C doubles entrelacés. Les peintures sont de couleur grenat clair et grenat foncé et de jolies guirlandes de verdure courent entre les piliers. Tout ce joli travail est dû à M. Leclercq, entrepreneur de peintures à Chantilly.

Pendant ce temps, les Gardes du Domaine, les Chevaliers d'arc, les Chevaliers du Tournoi, les Sauveteurs de l'Oise, les Sapeurs-Pompiers et la Musique municipale se regroupent devant le portail.

 A deux heures moins le quart, les portes s'ouvrent. Les souscripteurs entrent  par le grand portail donnant sur la rue du Connétable. Les personnes munies de cartes roses prennent places dans la tribune A, à droite de la tribune officielle, tandis que celles munies de cartes bleues se rendent à la tribune B, plus proche de la rue. Le public entre par la seconde porte, en allant vers  l'église. 

Source Gallica.bnf.fr/BnF

A deux heures, le cortège officiel composé des autorités, des princes et princesses apparentés au duc d'Aumale, des délégués de l'Institut, des invités et des membres de la presse, emprunte la rue du Connétable et se rend à la tribune d'honneur. La liste des invités comprend tous les sénateurs et députés de l'Oise,  le Bureau du Conseil Général et les Conseillers Généraux et d'arrondissement de la circonscription, le Préfet de l'Oise, le Sous-Préfet de Senlis, et tous les hauts fonctionnaires de l'arrondissement. Une délégation du 2e Hussards est également présente, ainsi que trois officiers du 92e de ligne, l'ancien 17e léger qu'a commandé le duc d'Aumale. Les Sauveteurs de l'Oise sont représentés par une importante délégation. Les pensionnaires de l'Hospice Condé - les Cadets et Cadettes, comme on les appelle - ont obtenu l'autorisation de participer à la cérémonie pour honorer le duc d'Aumale qui n'a cessé de combler cette institution.


M. Vallon prend place au centre de la tribune officielle, avec, à sa droite, le prince de Joinville, la duchesse de Chartres, le comte d'Eu, le prince Henri et le prince Antoine.

Une foule de plus de quinze mille personnes, parmi lesquelles beaucoup de dames, est massée dans l'enceinte réservée, débordant sur la pelouse et jusque dans la rue. La Musique municipale et les Sociétés se groupent derrière la statue et les gardes du Domaine autour des grilles. 

C'est l'instant solennel ! La fanfare joue la Marseillaise que l'on écoute debout ; le voile est vivement tiré en arrière, il tombe, découvrant le monument. Tout autour, les applaudissements éclatent.

Source Gallica.bnf.fr/BnF

Le duc d'Aumale, très ressemblant, en costume d'officier général, est fièrement campé, le torse droit, sans raideur ; le beau demi-sang sur lequel il est monté s'est arrêté, mais il n'est pas immobile et figé dans le métal ; on sent qu'il vit et se tient prêt à repartir. La silhouette de l'œuvre est belle. La tête, souriante, bienveillante, a grand air. La figure même du duc est belle et noble. 

Cette statue, fondue avec soin par Siot-Decauville, est revêtue d'une riche patine dorée qui est d'un excellent effet. Le socle lui-même est une œuvre d'art. Deux bas-reliefs sont encastrés dans le piedestal, représentant les scènes les plus glorieuses de la conquête de l'Afrique et notamment la soumission d'Abd-el-Kader. Dessiné par M. Daumet, l'éminent architecte du duc d'Aumale et du Domaine de Chantilly, il a été exécuté par M. Bonnet, marbrier à Chantilly.

Sur la face antérieure, une inscription est ainsi libellée :"A Henri d'Orléans, duc d'Aumale, la Ville de Chantilly, 1899". Sur la face postérieure, " Ce monument érigé par souscription a été inauguré le 15 octobre 1899".

La grille entourant le monument est entièrement en fer forgé, de forme oblongue, composée de douze pilastres carrés, avec de robustes arcs-boutants et ornés d'une fleur de lys à l'extrémité ; les barreaux sont en fer rond, terminés à leur extrémité supérieure par des fleurons. Cette grille, faite également sur les plans de M. Daumet, a été exécutée par M. Toupet, enfant du pays dont la famille, depuis cinq générations, exerce la profession de serrurier dans le même atelier de forge où son ancêtre s'est établi en 1694.

L'ensemble est d'une imposante simplicité et encadre heureusement le beau socle que  surmonte le magnifique bronze de Gérôme. Aussi est-ce à lui que vont en grande partie les acclamations de la foule, émue, saluant son œuvre. Le prince de Joinville contemple l'image de son illustre frère ; ses yeux s'emplissent de larmes. Le duc et la duchesse de Chartres eux-mêmes sont très émus.  Plus loin, ce sont les vieux  gardes du Domaine qui pleurent...

C'est M. Vallon, maire de Chantilly, qui, le premier monte à la tribune et prend la parole. Il dit l'affection respectueuse et profonde vouée par les habitants de Chantilly à leur Prince ; M. Henri  de Bornier, directeur de l'Académie s'avance à son tour et, d'une voix vibrante, lit une magnifique poésie. Puis, appelé par M. Vallon,  M. Larroumet, de l'Institut,  vient improviser une allocution. Le général Guioth,, administrateur du Domaine de Chantilly  retrace la carrière militaire du duc d'Aumale ; et enfin, M. Gaston Boissier, au nom de l'Institut, vient remercier la ville de Chantilly de l'hommage grandiose qu'elle vient de rendre à la mémoire du duc d'Aumale dont il fait un éloge ému.

La cérémonie touche à sa fin.  Le cortège se reforme et se dirige vers la rue du Connétable. Les princes se rendent aux Grandes Ecuries pour y recevoir leurs amis personnels, tandis que M. Vallon offre un lunch à ses invités chez lui. Puis on se sépare enfin, emportant de cette belle journée un profond souvenir.

A.M.C. : ID6 Registre des délibérations du Conseil Municipal 1886-1898 ;  ID7 Registre des délibérations du Conseil Municipal 1898-1907 - Le Courrier de l'Oise, 19 octobre 1899 - Le Figaro, 16 octobre 1899 - Gil Blas, 16 octobre 1899 - La Croix, 17 octobre 1899 -La Presse, 16 octobre 1899 - Le Monde Illustré, 21 octobre 1899 - "Le général duc d'Aumale, 1822-1897" de François Bournand.

Le crime de Chantilly.





Jeudi 9 mai 1907, vers onze heures et demie du soir, des passants trouvaient, étendu sur la chaussée, près du Café de Paris, le corps inanimé de M. William Carver.

 
M. William Carver

Celui-ci portait à la tête la trace de plusieurs coups portés avec violence, occasionnant deux horribles blessures à la tempe et à la nuque.

Cet ancien jockey, âgé de 58 ans et père de quatre enfants, avait passé la soirée chez son gendre, M. Lynham, l'entraineur du Prince Murat, qui habite avenue de la Gare, au n° 8.

Il en était parti vers onze heures, et s'en retournait chez lui quand il a été assailli par trois hommes pris de boisson.

Transporté à son domicile, il est mort rapidement, sans avoir pu parler, malgré les soins du Docteur Chaumel.



Bien vite, la gendarmerie a procédé à l'arrestation de trois maçons de Vineuil qui étaient en état d'ivresse au moment des faits, ayant copieusement célébré la fête des maçons à Chantilly où ils travaillaient.  Les inculpés, Raoul et Célestin B., deux frères, et Alfred H. ont commencé par nier, mais devant l'évidence des faits, ils se sont bornés à s'accuser mutuellement. Les assassins présumés ont été écroués à la prison de Senlis.

Puis, le dénommé Célestin B., un petit homme solide, sanguin, de physionomie banale avec ses cheveux châtains et ses yeux marrons, a rapidement avoué :  c'est lui qui, sans motif, a assailli M. Carver, le frappant avec le talon de son soulier ou une bouteille, il ne sait plus… 

Lors de son procès, il regrette son geste qu'il attribue à la boisson. 

Défendu par Maitre Joly, qui sollicite l'indulgence du jury et de la cour pour son client, Célestin B. est condamné à deux ans de prison.

La Grande Guerre sera moins indulgente avec lui,  puisque Célestin B. sera porté disparu le 5 novembre 1914 à Saint Rémy sur Meuse. Mort pour la France.



Le Journal, du 11 mai 1907 - Le Petit Journal, du  11 mai 1907 - Le Petit Parisien, du 11 mai 1907 - Le Temps, du 12 mai 1907 - Le Petit Troyen, du 12 mai 1907 - La France de Bordeaux et du Sud Ouest, du 12 mai 1907 -  Le Journal, 3 octobre 1907 - Le Journal de Senlis, Courrier de l'Oise, année 1907 - A.D.O. : Registre des Matricules.

Le marchand de couleurs et le Café du Théâtre

  Arrêtons nous un instant devant la boutique du marchand de couleurs qui se trouve au numéro 69 de la rue du Connétable.   M. Léonce Lecler...