Dimanche dernier, le 16 mai 1920, à l'Hospice Condé, a été solennellement bénie une statue de la Sainte-Vierge érigée sur le fronton de la chapelle.
C'est une statue en pierre dure du Poitou, oeuvre remarquable d'un sculpteur de grand talent, M. Debert, de Paris.
D'un geste symbolique, la main gauche à peine étendue, la Vierge écarte le barbare envahisseur ; de la main droite, elle protège, et, sous les plis de son manteau, elle abrite Chantilly, réfugiée à ses pieds.
Sur le socle, on lit l'inscription suivante : "Reconnaissance à Marie, 1914-1918".
Cette statue avait été promise par vœu, dans la journée du 3 septembre 1914, après l'incendie de Creil et de Senlis, après le massacre de M. Odent(1) et des otages, si Chantilly échappait aux fureurs de l'ennemi.
La Providence permit qu'il n'y eut aucune victime, ni alors, ni à la suite des nombreux bombardements par avions que la ville eut à subir pendant le cours de l'année 1918 et qui, par une protection singulière, ne causèrent que peu de dommages matériels.
Mgr l’Évêque de Beauvais avait été délégué pour la bénédiction de la statue, assisté de M. l'Aumônier de l'Hospice Condé, de M. le Doyen de Chantilly, M. l'abbé Bellanger, et de M. le curé de Lamorlaye.
Cette belle cérémonie sera d'autant moins oubliée à l'Hospice qu'elle coïncidait avec la béatification de la vénérable Louise de Marillac, fondatrice des sœurs de charité qui dirigent l'Hospice Condé depuis 1648.
(1) : Eugène Odent, élu maire de Senlis en 1912 et mort le 2 septembre 1914 à l'âge de 59 ans, victime civile du début de la première guerre mondiale.
D'après Le Courrier de l'Oise, Journal de Senlis - n° 21 du 23 mai 1920.